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abbé hamon - Page 2

  • Méditation : Nativité de la Sainte Vierge

    « En ce jour-là apparut sur la terre la plus grande merveille qu'eût jamais éclairée le soleil, une créature tout à la fois chérie du Père, mère future du Verbe, et destinée à devenir l'épouse bien-aimée du Saint-Esprit ; une créature petite enfant, et déjà dépassant en grandeur et en dignité non seulement toutes les créatures qui ont jamais existé ou existeront à jamais, mais encore toutes les créatures possibles, puisque ces créatures ne pourraient jamais être que les serviteurs ou les servantes de Dieu, tandis que Marie, ô différence incommensurable ! en est la fille, en sera la mère et l'épouse ; une créature enrichie de tous les dons de sainteté, de toutes les vertus surnaturelles que peut comporter la condition de créature ; une créature le chef-d’œuvre de la puissance du Père, de la sagesse du Fils, de l'amour du Saint-Esprit, puisque le Père, le Fils et le Saint-Esprit devaient faire pour une personne liée avec eux par des relations si intimes tout ce qui leur était possible de faire ; une créature par conséquent qu'ils regardaient avec amour, qu'ils admiraient avec délices, où ils se complaisaient ainsi que l'ouvrier se complaît dans son chef-d’œuvre. O Marie ! dans votre petit berceau, j'aime à vous contempler comme le paradis de Dieu en terre, comme toute belle et sans ombre de tache. Vous n'êtes encore qu'une enfant, et déjà vous faites l'objet des complaisances de la très sainte Trinité : oh ! quel bonheur est le vôtre ! Plaire à Dieu est le plus grand des bonheurs ; et ce bonheur, ô ma mère ! vous l'avez eu au plus haut degré possible dès le jour de votre naissance ! Ce bonheur, je puis l'avoir moi-même dans une certaine mesure par la sainteté de ma vie, par la pureté de mes intentions en toutes choses ; car, ô mon Dieu, pour vous plaire, il suffit de vouloir. O consolante pensée ! »

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome III, Nativité de la Sainte Vierge, I), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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    Naissance de la Vierge, Albrecht Altdorfer (1488-1538), Pinakothek de Munich

  • Méditation : Deuxième Dimanche de Carême

    Pourquoi Notre-Seigneur choisit, pour se transfigurer, un endroit éloigné du monde

    « Par ce choix, Notre-Seigneur veut nous apprendre que ce n'est pas au milieu du monde et des pensées du monde que Dieu se révèle à l'âme et la fait passer des misères du vieil homme dans l'éclat et les vertus du nouveau. Pour voir Dieu, l'entendre, le goûter et être transformé en lui par sa grâce, la première condition requise est la solitude intérieure, c'est-à-dire le calme de l'âme fermée au tumulte des créatures, ouverte à Dieu seul et à ses divines inspirations, la paix du recueillement sous le regard de Dieu. Tant qu'on se laissera aller à la dissipation de l'esprit, aux évagations de l'imagination, à la préoccupation des nouvelles, aux attaches du cœur, au tumulte des pensées inutiles ; tant enfin qu'on ne vivra pas retiré dans la solitude du cœur, Dieu ne se montrera point à nous, et il ne sera pour notre âme que comme le dieu inconnu d'Athènes. Ses amabilités et ses perfections infinies ne nous toucheront point ; nous ne l'aimerons si nous n'aurons aucune envie de l'aimer. Etrangers à Dieu, nous ne serons pas moins étrangers à nous-mêmes : nous ne nous connaîtrons pas et ne verrons en nous rien à corriger, rien à réformer, aucune raison de nous humilier, de nous mortifier, de nous renoncer ; et toute notre vie s'écoulera dans l'oubli de Dieu, dans l'ignorance de nous-mêmes. O dissipation, que vous faites de mal à l'âme ! ô saint recueillement, que vous lui êtes nécessaire ! Conduisez-moi, Seigneur, comme vos apôtres, dans la solitude, et tenez-y toujours renfermés mon esprit et mon cœur. »

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome I, Deuxième dimanche de Carême), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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  • Méditation : Comment Dieu veut que nous le servions

    Septuagésime : Comment Dieu veut que nous le servions

    « Dieu veut que nous nous donnions à lui tout entiers, à lui seul, à lui toujours, à lui par estime et par amour.

    - 1° A lui tout entiers : car, puisque nous tenons tout de lui, et l'âme et le corps, et nos facultés avec leurs actes, et notre existence avec tous les moments dont elle se compose, nous devons tout lui donner ; et, en lui donnant tout, nous ne faisons que lui rendre son bien : lui donner un rien de moins ne saurait le contenter.

    - 2° A lui seul, car nul autre n'ayant contribué à notre être, sinon comme instrument de ses volontés, je dois le servir lui seul, c'est-à-dire avoir une intention constante et invariable, droite et pure, de plaire à lui seul, sans égard à personne ni à moi-même. Donner à une autre la moindre partie de mon coeur ou de mon temps, ce serait le crime du serviteur qui, ayant sous la main les biens de son maître et la dispensation de ses revenus, en retiendrait une partie pour son propre usage ou pour celui de ses amis ; car les actes de mon corps ou de mon âme ne sont que comme les produits ou les revenus de ma substance qui est toute à Dieu.

    - 3° A lui toujours : car tous mes moments lui appartiennent essentiellement ; s'il cessait un seul instant de me soutenir, je tomberais dans le néant ; s'il cessait de concourir avec moi pour l'action, la parole ou la pensée, je ne pourrais ni me mouvoir, ni parler, ni agir. Donc, tous les jours et à tous les instants du jour et de la nuit, je dois être à vous, ô mon Dieu, toujours appliqué à vous plaire ; et dérober un seul moment pour moi ou pour la créature, ce serait léser vos droits, ce serait usurper ce qui vous appartient.

    - 4° Je dois être à Dieu par estime et par amour, c'est-à-dire que, quand même je n'attendrais rien de Dieu, je devrais encore être tout à lui, parce qu'il m'a créé et me conserve par un amour tout gratuit, non seulement sans intérêt, mais souvent même contre les intérêts de sa gloire que j'offense.

    Je dois donc m'oublier moi-même pour ne chercher en tout que Dieu seul, et ne plus rien faire que pour son amour. C'est là la première leçon du catéchisme, contenue dans ces paroles : Dieu nous a créés pour le connaître, l'aimer et le servir : telle est la pierre ferme sur laquelle doit s'élever l'édifice de toute religion et de toute perfection ; et ce fut dans ces pensées qu'Abraham trouva le courage de quitter son pays, de sacrifier Isaac, de mener une vie parfaite, et que Job trouva la patience et la résignation parmi les plus grandes calamités. C'est à nous à en tirer le même profit. Malheur à nous, si nous ne le faisons pas ! Oui, mon Dieu, j'en prends mon parti ; je me détermine franchement, généreusement, entièrement à vous servir : je ne veux que cela au monde et je le veux de toutes mes forces, sans vue intéressée, sans respect humain. Je vous laisse mon cœur et le livre tout à votre amour ; je le dévoue à vos desseins, je l'abandonne à votre conduite : j'éviterai avec soin les moindres fautes, et je ferai tout le bien possible avec toute la perfection dont je suis capable, c'est-à-dire promptement et sans délai, pleinement et sans aucun mélange de ma volonté, purement et sans autre vue que celle de vous plaire, constamment et sans me lasser ni m'ennuyer, ni cesser que je n'aie fini ce que vous voulez de moi. »

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome I, Dimanche de la Septuagésime), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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    Estampe du graveur Cochin – Parabole des ouvriers de la vigne (XVIIe siècle)
    Musée des beaux-arts de Nancy